Un accident nucléaire en France : mais combien coûte une vie humaine pour l’IRSN ? via Rue89

L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a rendu publiques ses estimations du coût d’un accident nucléaire en France, mais l’étude étant introuvable et les hypothèses, non diffusées, l’ensemble repose sur un socle d’histoires toutes plus discutables les unes que les autres.

Patrick Momal, économiste à l’IRSN, auteur de cette étude fantôme, a expliqué lui-même (PDF) qu’« il est de première importance d’accompagner le chiffre d’un story-telling » car, à ses yeux, « l’analyste doit, après son travail technique, s’efforcer de “vendre” ses résultats ».

[…]

Plus grave en France ?

L’IRSN nous raconte que le coût de l’accident de Fukushima serait de « 200 milliards d’euros ».

Or, les estimations du Japan Center for Economic Research (PDF) contredisent cette histoire : dédommagements aux secteurs de l’agriculture et de la pêche, et démantèlement de Fukushima Daiichi inclus, le bilan se situerait entre 400 et 500 milliards d’euros.

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« Si l’on parvenait à guérir le cancer… »

L’IRSN nous raconte encore qu’en cas d’accident majeur, l’un des principaux coûts est lié à l’impact sur le système de production d’électricité. Patrick Momal, estime que :

« L’expérience a montré que les accidents nucléaires peuvent avoir un effet important sur la production d’électricité sur plus de 30 ans […]. Il faut en tenir compte. »

Des propos totalement contredits dans une étude (PDF) que viennent de publier des chercheurs du prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT) : la croissance du parc nucléaire, avant la catastrophe de Fukushima, était, en réalité, bien plus modeste que ce que laissaient penser les prévisions.

[…]

Sur cette base, chacun prendra alors la mesure de l’écart qui sépare cette « valeur statistique de la vie », de la valeur réelle de la vie : que ce soit celle de chacune des 2 303 personnes mortes suite aux évacuations après l’avarie de niveau 7 de Fukushima, ou celle de chacun des 10 enfants, 3 garçons et 7 filles d’âge moyen de 15 ans, dont trois d’entre eux ont déjà été opérés d’un cancer de la thyroïde, les sept autres ayant une probabilité de l’être de 80%.

Centrer le « débat public » sur le coût de l’accident, afin de dessaisir la population des arbitrages opérés en amont par les simulateurs, et faire porter la discussion uniquement sur la gestion des conséquences fatales de ces arbitrages, voilà qui permet à l’IRSN de laisser dans l’ombre la seule question qui ait de l’importance aujourd’hui : non pas : « combien coûte un accident nucléaire ? » ; mais plutôt : « combien vaut une vie humaine ? » … si toutefois cette dernière vaut encore quelque chose dans les modèles des administrateurs du désastre.

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